Breastfeeding, the sublime challenge

L’allaitement, le sublime challenge

Le mot d’Alix #5

L’accouchement, une histoire de (mère) nature Vous lisez L’allaitement, le sublime challenge 25 minutes Suivant Le bel équilibre

#empowerwomenthroughcreativity

Dans la maternité, il y a différents challenges que l’on trouve plus ou moins difficiles à relever. Alors que pour certaines d’entre nous, la grossesse ou encore l’accouchement représentent les plus importants, pour moi le défi numéro un a été l’allaitement.

J’ai allaité mes deux filles : Ellis pendant 5-6 mois (en vrai plutôt cinq, mais j’aime bien pousser et dire presque six), ainsi que Panda. Elle a aujourd’hui 8 mois, je la nourris au sein que le matin désormais et j’aurais probablement arrêté de l’allaiter lorsque vous lirez cet article.

J’ai un sentiment très ambivalent sur l’allaitement. J’aime ça plus que tout mais je déteste aussi ça plus que tout à certains moments. L’allaitement c’est incroyable. C’est incroyable parce que c’est quelque chose de très primaire, animal et instinctif, mais aussi parce que ça vient challenger pleins de sentiments et d’émotions, ça nous met à nu à un moment très vulnérable de notre vie.

Après avoir déjà mis son corps à contribution pendant 41 semaines pour créer ce petit bébé parfait, nous voilà confrontée à une nouvelle expérience incroyable, aussi contraignante qu’enrichissante parce qu’elle suggère une dévotion totale. L’allaitement, c’est comme avoir un deuxième job, ou plutôt c’est en plus de son job être à la tête d’une multinationale, parce que pendant cette période, il y a nous, nos hormones, notre bébé et nos seins qui sont en ébullition. Ça fait beaucoup de monde à gérer.

Il faut rappeler que nous venons de courir un marathon pour donner la vie : la fatigue, l’excitation, le stress, mais aussi toutes les hormones libérées au moment de l’accouchement peuvent créer un genre de cocktail émotionnel explosif.

Un instinct pas si instinctif

J’ai l’impression qu’on dispose de beaucoup d’informations (tout et n’importe quoi parfois !) sur l’accouchement et la grossesse, autant l’allaitement, je trouve qu’on en parle peu, qu’on en parle mal et surtout qu’on ne nous donne pas les bons tuyaux. C’est la sensation que j’ai eue en tout cas.

Pourtant, je ne me plains pas, j’ai eu deux allaitements hyper faciles, j’avais du lait pour mes deux bébés, un mari qui me supportait (dans tous les sens du terme) ... Mais ça n’enlève rien au fait que ça reste un vrai défi pour de multiples raisons.

Voici quelques-unes d’entre elles, qui me sont passées par la tête, et qui ont jalonné mon/mes allaitement de mes filles :

Déjà…

Personne ne vous prévient que votre petit « 85A » va devenir un « 110 double D » en l’espace de trois jours, que vos seins seront si gros que vous pourriez presque poser votre tête dessus, ou que plus sérieusement vous ne pourrez même plus laisser pendre vos bras le long de votre corps parce que vos seins auront (façon de parler) pris la place de vos épaules.

Personne ne vous explique vraiment quoi faire quand vos seins produisent près d’un demi-litre de lait par jour alors que votre nouveau-né en boit à peine 100 ml au sein (!!) de cette même journée.

Personne ne vous dit que chacune de ces gouttes de lait sont aussi précieuses que de l’or blanc et méritent d’être sauvées.

J’aurais aimé qu’on me donne des conseils valables. Je passe sur celui que des sages-femmes donnent qui est de presser vos seins en béton armé, sous une douche chaude pour les soulager. Pour moi, c’était comme appuyer très fort sur un hématome ou une plaie ouverte, ça n’a jamais fonctionné, ça me faisait juste terriblement mal, j’avais plutôt envie de me taper la tête contre les murs de douleur.

Pourquoi aussi nous conseille-t-on toujours cet énorme tire-lait électrique à louer à la pharmacie, qui pèse 45kg, qui finit par remplacer votre joli bouquet de fleurs sur votre table basse, et vous emprisonne chez vous en rendant la tâche aussi lourde que la machine elle-même ?

Qui vous explique que votre production de lait peut disparaître aussi rapidement qu’elle est arrivée si vous n’allaitez pas régulièrement (ou tirez votre lait) ?

Qui vous parle des engorgements et de la douleur qu’ils peuvent provoquer ?

De mon côté, personne.

On a chacune nos problèmes et nos craintes face à l’allaitement qui est une expérience évidemment très personnelle, mais il me semble qu’on a toutes une peur commune qui est de ne pas avoir assez de lait pour nourrir son enfant, non ? 

Alors voici mon histoire, non pas parce qu’elle est plus intéressante qu’une autre, mais parce que l’allaitement a pris beaucoup de temps dans mon quotidien, qu’il a suscité beaucoup de questions et m’a énormément appris sur moi en tant que mère et en tant que femme, et je souhaite tout simplement partager cela avec vous.

J’ai la chance inouïe d’avoir ma sœur jumelle Caroline (@threesevenparis), qui a allaité sa première fille Muse (6 semaines plus âgée que ma fille Ellis). Elle a allaité comme une championne pendant 9 mois.

Muse était ce genre de bébé « bonhomme Michelin », avec une peau laiteuse et pleins de petits bourrelets. Je suis encore sidérée aujourd’hui de penser que ce sont les mini seins de ma sœur qui ont, à eux seuls, fait un si gros et beau bébé.

Mais même pour Caroline, qui avait énormément de lait, ça n’a pas toujours été facile, notamment à cause de quelques engorgements à répétition qui l’ont mise KO pendant 4 jours avec 40 de fièvre.

L’engorgement peut arriver soit quand le sein est trop plein (c’est pour ça qu’il faut les vider régulièrement à l’aide d’une pompe), soit si le sein n’est pas suffisamment vidé (ça peut arriver si on allaite sur le côté par exemple). Vous voyez, c’est technique.

En cas d’engorgement, mettez de l’alcool à 90°c sur des compresses, et posez-les dans votre soutien-gorge ou bandez-vous les seins, et surtout continuez à pomper / nourrir votre enfant. C’est ce qui fonctionnait pour nous en tout cas !

Lorsque nous avons eu nos filles, nous vivions toutes les deux à New York et avions pour habitude de nous retrouver avec nos maris et bébés, chez les uns ou chez les autres. Cette période était magique et ce sont sûrement les meilleurs souvenirs de ma vie.

J’admirais avec quelle facilité ma sœur allaitait sa fille.

De mon côté, c'était un peu plus difficile car j’avais des rendez-vous à droite à gauche partout dans la ville, et malgré ma bonne volonté à mettre dans mon sac ma pompe électrique à chaque fois que je passais le seuil de ma porte, je dois bien admettre que ce n’était pas facile de trouver plusieurs fois par jour le temps pour m'arrêter 20-30 minutes pour tirer mon lait.

Très rapidement, ma production de lait a chuté, et Ellis s’est habituée au débit du biberon.

J’avais pour technique de pincer la tétine de son biberon pour ralentir le débit et prétendre que c’était comme mon sein, ça a fonctionné pendant un temps…

Au-delà de tous ces aspects techniques, l’allaitement est vraiment magique. C’est un moment extrêmement privilégié avec son bébé qu’on découvre sous un angle complètement différent et j'espère me souvenir à jamais de tous ces moments. Les voir se transformer en petit animal assoiffé, et voir leur corps qui se recroqueville de bonheur à la première goutte avalée, il n’y a rien à mes yeux de plus fort que ça.

C’est aussi très satisfaisant pour nous en tant que femme et mère. Nous sommes en charge de nourrir et donc de faire grandir notre bébé, et plus les bourrelets se forment, plus c’est une victoire ! 

J’ai mis longtemps à savoir pourquoi j’aimais et je détestais à la fois l’allaitement, et où se situait cette frontière que je trouvais floue, mais je pense avoir mis le doigt dessus.

Le « tue-l’amour » de l’allaitement c’est de pomper, voilà, la vraie contrainte elle est là ! Parce que quand on pompe, on est face à une machine et plus face aux bruits merveilleux de notre enfant, et toute la satisfaction et le lien charnel s’évaporent. C’est un peu comme un pain au chocolat sans le chocolat.

Parfois, en fin de journée, à New York, j’étais à sec de lait, épuisée d’allaiter, c’était alors ma sœur qui allaitait Ellis. C’était drôle, et assez inoubliable en fait.

Ellis semblait apprécier et ne surtout ne faire aucune différence. Et je me souviens que Caroline disait qu’Ellis tétait complètement différemment de Muse.

Une petite photo amusante d'août 2014, je venais d’accoucher d’Ellis et j’allaite Muse, la fille de ma sœur, étant bloquée dans les embouteillages.

Caroline a eu un deuxième enfant 6 mois avant moi. Elle a eu un petit garçon, Jack, et elle l’a allaité à nouveau. Lorsque je suis tombée enceinte pour la seconde fois à mon tour, je n’ai pas voulu connaître le sexe du bébé, j’avais entre temps commencé le yoga, je me doutais que mon rapport à la grossesse et à mon corps seraient différents (chaque grossesse est différente) mais ce dont j’étais certaine, c’est que malgré le challenge que cela peut représenter, j’allais allaiter cet enfant le plus longtemps possible.

Au four et au moulin !

Comment allaiter et travailler en même temps ?

Vous l’aurez compris, l’allaitement n’est pas évident d’un point de vue technique, surtout pour celles qui reprennent le boulot immédiatement comme moi. Comment s’organiser ? Je ne vais pas vous mentir, c’est sport ! Cela demande de l'organisation, du temps, bref de la motivation ! En tout cas, c’est la façon dont je l’ai vécu parce que comme je vous disais, allaiter veut dire pomper, et pomper, c’est challenging.

La bonne nouvelle (il y en a quand même !), c’est qu’en général les femmes qui allaitent vous dirons que le plus dur ce sont les six premières semaines, parce que vos seins ne savent pas trop à quelle fréquence produire, ça explose, ça coule, bref ça cherche à trouver son rythme. Avec un peu de chance, quand on retourne au bureau, c’est après cette période-là.

Pour Panda, j’ai laissé beaucoup de place et de temps dans mon quotidien à l’allaitement. C’est devenu omniprésent, mes rendez-vous, séances de yoga, tout mon emploi du temps dépendait des horaires de tétées (ou de pompe).

Cependant, je vis mon allaitement au jour le jour. Ma seule peur ? Rater une tétée qui pourrait potentiellement ralentir ma production de lait, ou pire encore, me créer un engorgement. 

Je n’ai jamais vraiment arrêté de travailler avant ou après mon accouchement. Voici comment je me suis organisée pour l’allaitement de Panda, mon deuxième bébé.

Premier mois

Panda a été nourrie les quatre premières semaines uniquement au sein, mais j’ai commencé à pomper mon lait 10 jours après sa naissance. Pour mes deux allaitements j’ai utilisé cette mini pompe ultra compact de chez AVENT.

Mon but était de créer un stock dès le début et de faire augmenter ma production de lait au maximum, je nourrissais donc Panda au sein toutes les deux heures environ, puis je tirais en plus.

Concernant le rythme de l’allaitement et des tétées, je pense que tous les enfants sont différents, donc ne pensez pas que mon agenda est valable pour tous les bébés !

A cinq semaines, j’ai décidé de passer plus de temps au bureau, et j’ai commencé à lui donner mon lait dans un biberon, afin de l’habituer à passer de l’un à l’autre rapidement.

La nuit Panda tétait plusieurs fois : 23h, 2h, 4h, 6h. Je lui donnais le sein mais ne pompais pas la nuit.

Trois conseils que j’ai appliqué qui peuvent vous aider :

  • Pour tenir le coup, dormez pendant que votre bébé dort, souvent je me couchais donc à 20 heures, sachant qu’elle allait se réveiller vers 23 heures. Mon mari gérait le coucher de ma grande, Ellis. Comme je vous ai dit, c’est important que votre amoureux participe et vous aide.
  • Si vous souhaitez que votre bébé fasse ses nuits rapidement, ne dormez jamais avec eux dans votre lit. Une fois que le bébé a tété, remettez le dans son lit (qui peut être dans votre chambre évidemment).
  • Même chose, on laisse le bébé téter le temps qu’il faut, mais quand il a fini, on l’enlève du sein et on se rhabille, on ne le garde pas accroché au sein en porte-clé, il faut rapidement lui apprendre que notre téton n’est pas une tétine, vos seins vous remercierons.

Deuxième mois

Panda a fait ses nuits à partir de 5-6 semaines, c’est à dire 22h- 5h30 (chez moi c’est une nuit, on est couche-tôt et on se lève tôt).

Comment ? Je ne sais pas.

Je pense que les trois tips énoncés au-dessus ont fonctionné.

Dès qu’elle a eu un mois, je suis retournée au bureau environ 4 heures / jour, le reste du temps je travaillais de chez moi.

Avoir du lait dans mon congélateur me donnait cette liberté et l’impression de retrouver un peu ma vie.

Au bureau, je procédais de la même manière. Je pompais plusieurs fois par jour, je mettais un réveil aux heures auxquelles je devais nourrir Panda (à peu près toutes les deux heures). Direction le frigo et je repartais à la maison le soir avec mes sachets de lait prêts à être congelé.

Très rapidement les deux étages de mon congélateur ont été remplis de pleins de petits sachets de lait.

Quant à savoir combien je pompais, ça dépendait. Comme je disais plus haut, je ne me suis jamais stressée par rapport